Le nouvel album d’Eiffel sort le lundi 3 septembre et c’est, forcément, un événement. Foule monstre, c’est son nom, renferme de nouvelles pépites savamment saupoudrées d’une légère couche d’electro, sans pour autant en perdre leur essence rock. A écouter absolument ! Au casting de ce 5ème album (studio) du groupe, on retrouve, sans surprise, la grande famille d’Eiffel, au propre comme au figuré. Joe Doherty ramène son sax sur plusieurs titres et Bertrand Cantat son flow le temps d’un duo (Lust For Power). Une petite nouvelle, l’Australienne Phoebe Killdeer, vient quant à elle pousser la chansonnette sur Chaos of Myself. C’est aussi le premier disque enregistré avec le génialissime Nicolas Bonnière, qui fait partie intégrante du groupe depuis 2009.
Puisque Dieu n’offre le ciel qu’en peinture, napalm, tsunamis ou fariboles, susurre-moi des bricoles.
Les fans hardcore du groupe connaissent déjà plusieurs titres, joués à l’occasion d’une pré-tournée au printemps, à laquelle j’ai eu la chance d’assister (au Point Ephémère).
Avant de parler musique, précisons que cet album est avant tout un bel objet (je possède le Digipack), dont le graphisme est signé Le Chakipu (collectif nantais). A noter que l’album sort sous différentes formats : double vinyl ou CD 13 titres (versions Digipack et Crystal), mais aussi iTunes 14 titres (avec l’inédit La nuit tague).

L’hiver dernier, Eiffel via son leader Romain Humeau annonçait l’enregistrement de l’album et par la même occasion un virage franchement electro. Que l’on se rassure, si les machines sont bien omniprésentes, Foule monstre n’en demeure pas moins un album pop-rock, dans lequel le style et l’écriture d’Eiffel sont parfaitement reconnaissables.
Le premier extrait, sorti au printemps, est Place de mon coeur, le titre qui ouvre l’album :
Délicatement, l’album s’ouvre sur une série de titres pop-rock à la fois poétique (Place de mon coeur) et planant (Chaos of Myself), souvent inspirés de l’actualité et des mouvements populaires de 2011. Souvenons-nous qu’à tout moment, la rue…
Redis-moi, toi qui n’es plus là, silence hurlant dans l’air, ça fait quoi d’être libre ?
Ensuite, on entre véritablement dans le sujet, avec une série de titres remarquables quoique n’ayant strictement rien à voir entre eux. Libre, sur une rythmique toute simple se révèle un tube en puissance, sans parler de son fond mélancolique. Suit le rageur, aussi jouissif qu’intense, Frères ennemis qui enfonce le clou sur la condition humaine, avant que ne résonne Chanson trouée, incontestablement LA chanson de l’album. J’ai eu le bonheur de la découvrir en live, lors du concert donné par le groupe au Point Ephémère au mois de mai, et ça a alors été la grosse claque. Sur disque, c’est moins spectaculaire, voire même un brin longuet, mais la qualité du texte alliée à sa montée en puissance en font d’ores et déjà un classique dans la discographie du groupe.
Puis le duo Romain Humeau/Bertrand Cantat se défoule sur Lust For Power avant que ne retentissent les premières notes de Chamade, l’un des plus beaux titres de l’album. D’une beauté inouïe, le texte de cette chanson est sublimé par la voix légèrement cassée de Romain Humeau. Cette version électrique est bien loin du premier jet du titre, offert en cadeau à son public par le groupe en 2010.
Quelques minutes plus tard, l’album se termine en apothéose avec Death’s Dance, parfait mixage de sons électro et de guitares et délire grandiloquent qui fini d’achever l’auditeur et qu’il va falloir absolument jouer sur scène. Ouf !
Avant que nos atomes n’aillent folâtrer au Diable, je m’accroche à toi.
Comme toujours, Eiffel chante l’humain. Et plus que jamais, l’humanité est présente sur Foule monstre. Même si les thèmes abordés sont souvent lourds, comme la mort ou la dépression, jamais le groupe ne sombre dans le pathos. Les textes demeurent tantôt tranchants, tantôt franchement émouvants, le tout sur des rythmes assez gais. La mort rode donc tout au long de cet album, qu’elle soit synonyme de manque (Milliardaire) ou d’évasion (Libre), qu’elle soit inéluctable (Chamade) ou plus simplement mise en scène (Death’s Dance).
Dans un genre beaucoup plus léger, je vous laisse la surprise de découvrir la subtile et entêtante ritournelle Stuck Inside The Pussy, interprétée par le batteur Nicolas Courret !
Au final, je ne sais pas si c’est le meilleur album d’Eiffel, mais c’est pour moi le plus abouti, le plus homogène et le mieux produit. C’est aussi le disque que je me passe en boucle depuis maintenant plus de deux mois.
Un conseil, un seul, pour votre bien : achetez-le !
Playlist : Place de mon coeur | Le même train | Chaos of Myself | Foule monstre | Libre | Frères ennemis | Chanson trouée | Milliardaire | Lust For Power | Chamade | Venus Froms Passiflore | Puerta Del Angel | Death’s Dance | La nuit tague (titre disponible uniquement sur iTunes)